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baseruiop@yahoo.com

2017年05月15日

Et sur ses lèvres montre guess

Loin du centre où brillent les grands esprits, où l’air est chargé de pensées, où tout se renouvelle, l’instruction vieillit, le goût se dénature comme une eau stagnante. Faute d’exercice, les passions se rapetissent en grandissant des choses minimes. Là est la raison de l’avarice et du commérage qui empestent la vie de province. Bientôt, l’imitation des idées étroites et des manières mesquines gagne la personne la plus distinguée sacs guess . Ainsi périssent des hommes nés grands, des femmes qui, redressées par les enseignements du monde et formées par des esprits supérieurs, eussent été charmantes. Madame de Bargeton prenait la lyre à propos d’une bagatelle, sans distinguer les poésies personnelles des poésies publiques. Il est en effet des sensations incomprises qu’il faut garder pour soi-même. Certes, un coucher de soleil est un grand poème, mais une femme n’est-elle pas ridicule en le dépeignant à grands mots devant des gens matériels ? Il s’y rencontre de ces voluptés qui ne peuvent se savourer qu’à deux, poète à poète, cœur à cœur montre guess collection . Elle avait le défaut d’employer de ces immenses phrases bardées de mots emphatiques, si ingénieusement nommées des tartines dans l’argot du journalisme qui tous les matins en taille à ses abonnés de fort peu digérables, et que néanmoins ils avalent. Elle prodiguait démesurément des superlatifs qui chargeaient sa conversation où les moindres choses prenaient des proportions gigantesques. Dès cette époque elle commençait à tout typiser, individualiser, synthétiser, dramatiser, supérioriser, analyser, poétiser, prosaïser, colossifier, angéliser, néologiser et tragiquer ; car il faut violer pour un moment la langue, afin de peindre des travers nouveaux que partagent quelques femmes. Son esprit s’enflammait d’ailleurs comme son langage. Le dithyrambe était dans son cœur et sur ses lèvres montre guess . Elle palpitait, elle se pâmait, elle s’enthousiasmait pour tout événement : pour le dévouement d’une sœur grise et l’exécution des frères Faucher, pour l’Ipsiboé de monsieur d’Arlincourt comme pour l’Anaconda de Lewis, pour l’évasion de Lavalette comme pour une de ses amies qui avait mis des voleurs en fuite en faisant la grosse voix. Pour elle, tout était sublime, extraordinaire, étrange, divin, merveilleux. Elle s’animait, se courrouçait, s’abattait sur elle-même, s’élançait, retombait, regardait le ciel ou la terre ; ses yeux se remplissaient de larmes. Elle usait sa vie en de perpétuelles admirations et se consumait en d’étranges dédains. Elle concevait le pacha de Janina, elle aurait voulu lutter avec lui dans son sérail, et trouvait quelque chose de grand à être cousue dans un sac et jetée à l’eau. Elle enviait lady Esther Stanhope, ce bas-bleu du désert. Il lui prenait envie de se faire sœur de Sainte-Camille et d’aller mourir de la fièvre jaune à Barcelone en soignant les malades : c’était là une grande, une noble destinée ! Enfin, elle avait soif de tout ce qui n’était pas l’eau claire de sa vie, cachée entre les herbes.


Posted by baseruiop@yahoo.com at 14:06│Comments(0)
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